Mémoires de Balthus
Mémoires de Balthus
"Les morts c'est discret, ça dort bien au frais." Ces quelques mots de Jules Laforgue inaugurent ce livre de mémoires d'un homme né artiste. Pas n'importe quel homme, pas n'importe quel artiste : Balthus, né Balthazar Klossowski de Rola, né en 1908 et disparu en 2001, tout doucement, tout au bout de la vieillesse. Soit 92 ans et mèche. Balthus a traversé le siècle, le dernier, qu'il a représenté sur la toile en continuateur de la Renaissance, plus précisément du quatrocentro, dirait son frère, Pierre Klossowski. Il y avait quelque chose de poétique dans son nom. L'artiste avait aussi un discours imprégné de poésie, livré ici à Alain Vircondelet, biographe de Marguerite Duras et de Saint-Exupéry. Un discours en forme de bilan, de testament presque, tenu dans les dernières années du peintre, depuis son "chalet-refuge" de Suisse. Un lieu loin des esbroufes artistiques, idéal pour faire le point sur ses amitiés, ses amours, ses influences picturales, ses rejets (de l'art contemporain notamment), ses rêves, ses aspirations, ses petites manies aussi, confessées entre la présence de sa femme et de ses chats. Tout "le travail d'un homme qui cherchait à sortir du chaos régnant sur la fin de ce XXe siècle". Plus qu'une mémoire extirpée d'outre-tombe, c'est ici une voix, singulière, qui joue de la subtilité, tendue par un scalpel de mage.
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