Patrick Grainville est fasciné par Egon Schiele, artiste précoce et fulgurant. Une contemplation passionnée de la vie à sa source marque chacune de ses oeuvres. Questions radicales sur le sexe, l'identité, la chair, sa beauté et sa fugacité, cette tension entre vie et mort. La femme n'est jamais idéalisée dans un mythe romantique ou redoutée, dévaluée dans une chimère inverse. Subjugué par son apparition, Schiele tente d'en restituer l'extrême singularité. Sa culture c'est son oeil avide et nouveau. Egon Schiele confère à l'érotisme un caractère sacré mais sans tomber dans la spéculation fumeuse. Le corps est sacré car il est unique et il va mourir. Il ne se soutient que de son incarnation. Sa transcendance se lève dans son galbe et son grain, dans son intime éclat. " Peintre la lumière qui émane de tous les corps... " Le trait du peintre possède cette acuité du soleil levant et de son premier rayon qui arrache le monde et les corps à la confusion, éclaire et célèbre leur avènement dans la convoitise et l'amour.